Handball (d’après mon dictionnaire personnel « expériences vécues ») :
Prononcé hand-ball (à l’allemande). Sport qui se joue à la main, avec un ballon rond, à 7 joueurs (6 joueurs de champs et un gardien), du genre plutôt viril, moins bestial que le rugby, plus classe que le foot. En provenance des pays nordiques (donc froids), ce sport se pratique en salle, avec beaucoup de transpiration pour faire de belles glissades (vu à la télé) et avec de la "colle’’ (résine collante) pour que même les petites mains puissent jouer.
Je suis trop content, j’ai trouvé un groupe de Hand : une vingtaine de Chinois qui s’entrainent, me dit-on, deux fois par semaine à l’université. Je m’y rends donc ce samedi, pour la première fois, le cœur léger, curieux de connaître le niveau de ces outsiders qui, au basketball, sport roi, sport sacré, sport idolâtré en Chine, et au football, joué quand, après une heure à la recherche d’un panier libre, non décidément il n’y en a plus, il faut bien se rabattre sur autre chose, ont préféré le Handball. Qui sont-ils ces ambassadeurs chinois du sport européen par excellence, de l’esprit de fairplay (on ne discute pas avec l’arbitre au Handball), de la classe dans le jeu (non, on ne se cramponne pas la tronche au Handball) et de la beauté des exécutions (ailier, suspends ton vol, écrivait Lamartine) ? Mais oui, qui sont-ils ?
Suivant les indications qui m’ont été donnés, j’enfourche mon fidèle destrier et pédale à perdre haleine à travers les larges allées de l’université. Fidèle à l’itinéraire prescrit je descends vers le sud, tout azimut, ou presque, puis bifurque vers l’ouest jusqu’à la porte historique de Tsinghua, contourne le stade de foot et pénètre dans la contre allée. De mes yeux de lynx je balaie les alentours à la recherche du béni gymnase susceptible d’abriter les fameux handballeurs chinois. Point de gymnase en vue. Il y a bien ce vieux terrain de tennis, un peu délabré, engrillagé, et derrière lui un autre terrain un peu plus grand, avec des petits buts et des petits ballons ronds… et des gens qui driblent, qui courent, qui sautent, qui tirent et qui jouent au handball. Voilà donc le gymnase, sans toit, sans parquet, avec des feuilles et de la poussière !
Du coup mes handballeurs chinois jouent dehors (pas de terrain couvert à l’université), sans colle, avec des ballons assez sensiblement dégueulasses, pleins de poussières, souvent sous-gonflés, qui glissent comme pas possible, sur un terrain qui ne me permet d’exécuter la technique de phoque des sauts d’ailier, durement acquise aux cours des entrainements de l’X, qu’à la condition de me déchirer assez douloureusement le flanc et la face. Pour ce qui est des fautes, devant derrière de côté ou en l’air, on siffle tout pareil c’est moins compliqué.
On a joué pendant 3h (avec des pauses cigarettes pour ceux qui veulent, on n’est quand même pas des machines) ! J’ai hésité à partir ou à me laisser mourir mais la réputation de la France – que dis-je, de l’Europe handballistique- pesait, assez lourdement d’ailleurs, sur mes épaules…
Au moins j’aurai appris comment fait la Chine pour dominer les JO (au Hand pas tout à fait encore)… avec un entrainement pareil c’est simplement une question de sélection naturelle. Et vu qu’ils sont plutôt du genre nombreux, y’a un sacré potentiel…
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