mercredi 29 octobre 2008

Comment la Chine s’entraîne : Handball expérience numéro 1

Handball (d’après mon dictionnaire personnel « expériences vécues ») :

Prononcé hand-ball (à l’allemande). Sport qui se joue à la main, avec un ballon rond, à 7 joueurs (6 joueurs de champs et un gardien), du genre plutôt viril, moins bestial que le rugby, plus classe que le foot. En provenance des pays nordiques (donc froids), ce sport se pratique en salle, avec beaucoup de transpiration pour faire de belles glissades (vu à la télé) et avec de la "colle’’ (résine collante) pour que même les petites mains puissent jouer.

Je suis trop content, j’ai trouvé un groupe de Hand : une vingtaine de Chinois qui s’entrainent, me dit-on, deux fois par semaine à l’université. Je m’y rends donc ce samedi, pour la première fois, le cœur léger, curieux de connaître le niveau de ces outsiders qui, au basketball, sport roi, sport sacré, sport idolâtré en Chine, et au football, joué quand, après une heure à la recherche d’un panier libre, non décidément il n’y en a plus, il faut bien se rabattre sur autre chose, ont préféré le Handball. Qui sont-ils ces ambassadeurs chinois du sport européen par excellence, de l’esprit de fairplay (on ne discute pas avec l’arbitre au Handball), de la classe dans le jeu (non, on ne se cramponne pas la tronche au Handball) et de la beauté des exécutions (ailier, suspends ton vol, écrivait Lamartine) ? Mais oui, qui sont-ils ?

Suivant les indications qui m’ont été donnés, j’enfourche mon fidèle destrier et pédale à perdre haleine à travers les larges allées de l’université. Fidèle à l’itinéraire prescrit je descends vers le sud, tout azimut, ou presque, puis bifurque vers l’ouest jusqu’à la porte historique de Tsinghua, contourne le stade de foot et pénètre dans la contre allée. De mes yeux de lynx je balaie les alentours à la recherche du béni gymnase susceptible d’abriter les fameux handballeurs chinois. Point de gymnase en vue. Il y a bien ce vieux terrain de tennis, un peu délabré, engrillagé, et derrière lui un autre terrain un peu plus grand, avec des petits buts et des petits ballons ronds… et des gens qui driblent, qui courent, qui sautent, qui tirent et qui jouent au handball. Voilà donc le gymnase, sans toit, sans parquet, avec des feuilles et de la poussière !

Du coup mes handballeurs chinois jouent dehors (pas de terrain couvert à l’université), sans colle, avec des ballons assez sensiblement dégueulasses, pleins de poussières, souvent sous-gonflés, qui glissent comme pas possible, sur un terrain qui ne me permet d’exécuter la technique de phoque des sauts d’ailier, durement acquise aux cours des entrainements de l’X, qu’à la condition de me déchirer assez douloureusement le flanc et la face. Pour ce qui est des fautes, devant derrière de côté ou en l’air, on siffle tout pareil c’est moins compliqué.

On a joué pendant 3h (avec des pauses cigarettes pour ceux qui veulent, on n’est quand même pas des machines) ! J’ai hésité à partir ou à me laisser mourir mais la réputation de la France – que dis-je, de l’Europe handballistique- pesait, assez lourdement d’ailleurs, sur mes épaules…

Au moins j’aurai appris comment fait la Chine pour dominer les JO (au Hand pas tout à fait encore)… avec un entrainement pareil c’est simplement une question de sélection naturelle. Et vu qu’ils sont plutôt du genre nombreux, y’a un sacré potentiel…

jeudi 16 octobre 2008

Tsinghua ou l'heure universelle

Jadis, grand papi me racontait que l’heure, la vraie, celle qui est juste et qu’il faut suivre, c’était celle de la gare et des trains. Parce qu’arriver sur le quai 15 secondes après le coup de sifflet, ça a beau être pas beaucoup, au final, pas de train. Et qui dit pas de train dit souvent gros ennuis. Du coup, c’est vrai que c’est bien pratique d’être calé sur l’horloge de la SNCF.

Quand l’horloge atomique est arrivée (du moins que tout le monde a commencé à en parler sans savoir ce que c’était) on s’est dit que c’était carrément plus classe de se mettre à l’heure de l’horloge atomique et c’est vrai que c’est moins ringard que d’être à l’heure des trains. Et puis avec internet maintenant on se met à l’heure de l’horloge parlante sur http://www.horlogeparlante.com/. En fait y’en a pour tous les goûts : l’horloge astronomique, l’horloge interne, l’horloge biologique…

Mais à l’université de Tsinghua, Pékin, République populaire de Chine, tout ça ça n’existe pas. Oh, bien sûr, à Pékin il y a des trains (carrément différents des trains français d’ailleurs), et même des TGV, et bien sûr qu’arriver 15 secondes après le départ c’est aussi galère en Chine qu’en France (et certainement même plus). Mais faut bien dire qu’on ne prend pas le train tous les jours (sauf les contrôleurs et les conducteurs, mais pour eux c’est peut-être un peu différent), d’autant plus qu’en Chine c’est mission impossible pour choper des billets pendant les fêtes. L’horloge interne ou biologique, n’en parlons pas, les pratiques culinaires chinoises (piment à volonté, et même un peu en rab, agrémenté d'un peu de viande, parfois, et de racines de lotus) se chargent de dérégler tout ça. Impossible de suivre quoi que ce soit de ce côté-là. Du coup ici, on ne se met pas à l’heure des trains, ni à celle de l’horloge atomique, de l’horloge astronomique, de l’horloge interne, externe, indépendante, non non...


Ici l’horloge, c’est l’horloge de l’eau chaude. L’heure de l’eau chaude c’est plus juste, plus précis, plus efficace que toutes les autres. Une vraie tuerie. Et tout le monde suit l’horloge de l’eau chaude. Il s’agirait pas de se savonner tranquillement pour s’apercevoir que l’eau chaude vient juste d’être coupée, et de se retrouver comme un phoque sans flotte à devoir tout rincer à l’eau froide. Non, non, ça c’est pas drôle. Parce qu’ici ça rigole pas, c’est strict. Il y a des horaires d’eau chaude et tout le monde les respecte. Du coup tout le monde prend sa douche en même temps et la quantité de flotte chauffée qui part d’en bas et qui est divisée par tous les doucheurs arrive à mon 9ième étage avec un débit un peu dérisoire. Ca fait sûrement parti d’un grand programme de développement durable...

Au moins, pour la première fois de ma vie peut-être, l’horloge de mon ordi, de mon téléphone et de ma montre sont absolument synchros. Merci qui ?